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C.R.A.Z.Y.

de Jean-Marc Vallée ****

c.r.a.z.y. de jean-marc vallée ****

C.R.A.Z.Y. pour Christian. Raymond. Antoine Zaccharie. Yvan… mais surtout Zaccharie, quatrième rejeton de la famille québéco déjantée Beaulieu.

C’est l’histoire d’un « outing » qui met 20 ans à accoucher. Si on m’avait appris à prier je prierais un truc comme «faites que le public français et (prétendument) exigeant se rue pour voir cette pépite».

C’est l’histoire de Zaccharie, un petit garçon, puis un ado, puis un adulte qui aime son papa et sa maman, qui le lui rendent au centuple. Cette famille est bien barrée et entre le père (Michel Côté, acteur sidérant) macho improbable fou de ses enfants (mais aussi fou furieux fan de Charles Aznavour) et la mère (sosie absolu d’Anémone) aimante, farfelue qui cuit les toasts au fer à repasser comme personne (entre autre originalité), Zac est entouré d’une fratrie qui a aussi sa dose d’extravagance : un frère abruti accro à toutes les drogues, un autre sportif (qui a dit «c’est la même chose» ?), un troisième qui a toujours un livre à la main et le dernier, futur obèse antipathique. Zach a bien du mal à trouver sa place et son identité au milieu de ce foutoir et il voudrait surtout ne pas décevoir son papa homophobe XXL. Il prie beaucoup «faites que je ne sois pas mou… faites que je sois comme tout le monde», à s’en rendre malade, à en devenir athée. Et heureusement (pour nous), Zac n’est pas et ne sera jamais comme tout le monde…

Ce film-perle rare bénéficie d’une narration implacable et enchaîne les séquences d’anthologie. Il y a tout dans ce film exceptionnel et singulier : des scènes d’une beauté inouïe (la mère éloignée de son Zach asthmatique l’aide à reprendre son souffle à distance ou une traversée du désert au propre comme au figuré qui aboutit à LA révélation), des scènes d’un comique irrésistible (le père expliquant sans rire à la mère que Jésus devait être homosexuel car «c’est pas normal 13 types qui se promènent ensemble et qui portent des robes»), des scènes poétiques et enthousiasmantes (Zach qui s’envole littéralement lors d’une messe de Noël), des scènes déchirantes (la mère apprend au téléphone une terrible nouvelle et le père lui tourne le dos car il a un casque sur la tête et écoute de la musique, il ne voit donc pas qu’elle s’effondre)… Les scènes avec le père (je le répète l'acteur est stupéfiant) vous feront fondre de tendresse et d'admiration  et il n'est pas interdit de sortir son mouchoir à plusieurs reprises...

Et j’en passe. Découvrez, car ce film est une mine d’or et il n’est pas seulement destiné aux fans de Charles Aznavour, David Bowie ou Pink Floyd qui emplissent idéalement la bande son.

Au-dessus de ce prodigieux et formidable film ovni surnage un acteur Marc-André Grondin (quel nom !!! quand on ressemble à un ange, on prend un pseudo, je sais pas moi Ziggie Stardust par exemple !) qui n’est pas sans évoquer parfois l’Alex d’«Orange Mécanique» (regard qui tue et sourire ironique) ou le Niel de «Mysterious skin» (fragilité et douceur) mais il a aussi sa vraie, forte et attachante personnalité qui se résume en un mot : LA GRACE.

Alors ne tardez plus : embarquez votre cheum dans votre char et foncez voir cette gang de fiffes et, tabernacle, vous aurez sacrément du fun qui ne vous lâchera pas de sitôt !!!

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