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L'ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LÂCHE ROBERT FORD

d’Andrew Dominic ****

L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford - Brad Pitt

Pas de surprise, pas de suspens, le film nous emporte inexorablement, lentement, implacablement vers l’assassinat de Jesse James par ce lâche Robert Ford. Mais n’est-ce pas plutôt à la demande implicite mais expresse de son idole que Robert Ford le tue ? Dans cette scène, intense, tendue, magistrale, Jesse James semble préparer son suicide. Avec application, il retire ses revolvers qu’il dépose sur un canapé, il prétend dépoussiérer un cadre, il tourne le dos à son assassin. Il se prépare, il attend le coup de feu, tout en observant son assassin dans le reflet du tableau, lui qui n'hésitait pas non plus à abattre d'une balle dans le dos des gêneurs désarmés…

Avant d’en arriver là, il faudra accompagner Jesse James dans ses derniers jours, sa dégringolade progressive vers la folie, la paranoïa d’un homme traqué que tout le monde, même et surtout ses amis les plus proches, inquiète. Certains supporteront mal cette lente descente vers les enfers si j’en crois la nouvelle épidémie de salle qui se vide… Car évidemment, « L’assassinat… » n’est pas un film facile, évident, lisible à la première « lecture » et l’histoire et le destin de certains personnages secondaires sur lesquels le réalisateur s’attarde, ne sont pas limpides. Ça ne me gêne pas de ne pas tout comprendre quand je suis plongée comme c’est le cas ici dans une œuvre d’une majesté, d’une ampleur et d’une ambition sans pareilles qui vous poursuit encore au réveil, le lendemain. Mon bonheur de cinéphile : être hantée par un film, une ambiance, des héros, des acteurs !

On croyait que Clint Eastwood (qui ???) avait tout dit de la fin des héros et de l’ouest américain épique et mythique dans son « Impitoyable ». Non, le western n’est pas mort et n’a heureusement pas dit son dernier mot. Mais ici, pas de poursuites entre cow-boys et indiens, pas de chevauchées sur fond de coucher de soleil, pas de sécheresse, de poussière et de canyons imposants. C’est l’hiver, il fait froid, souvent sombre, la neige recouvre tout, les cavaliers comme leurs montures semblent exténués. C’est magnifique, baigné dans un clair obscur ocre et glacial. Je qualifierai ce film de « western dépressif » (crépusculaire i disent dans les revues savantes) qui n’est pas sans évoquer le « Dead man » de Jim Jarmush et même le trop sous-estimé « Open range » de Kevin Costner, par cette poésie, cette beauté, cette langueur et cette mélancolie dont ces films sont empreints.

Andrew Dominic, réalisateur Néo-Zélandais a une ambition folle et un talent exceptionnel. Il évoque la beauté et le côté morbide des mythes. Etrangement, Jesse James, assassin notoire et revendiqué était un bandit super-star, objet d’un véritable culte de son vivant. Des livres et des BD lui étaient consacrés. A sa mort, son cadavre « congelé » a été photographié, exposé à la foule des admirateurs qui se pressaient également pour visiter la maison où il a vécu jusqu’à 34 ans avec sa femme (effondrée, épouvantée) et ses deux enfants. Il était le « Brigand bien aimé » alors que sa tête était mise à prix. Pour l’interpréter, Brad Pitt plus pâle qu’un mort vivant, dont le visage se décompose littéralement à mesure que sa fin approche est absolument extraordinaire. Amical puis inquiétant, il passe du rire aux larmes, s’emporte, explose de rire puis plonge brutalement dans le plus douloureux tourment. Son prix d’interprétation à Venise est amplement mérité et il me semble un concurrent évident pour Philip Seymour Hoffman (oui, je fais mes pronostics des Oscar…), tant il est exceptionnel ici.

Il ne faut néanmoins pas oublier la performance touchante et déroutante de Sam Rockwell qui offre toujours des compositions remarquables dans tous ses films. Mais évidemment, la découverte incontournable c’est Casey Affleck, d’abord recroquevillé sur lui-même, visage d'ange et regard fuyant, brûlant d’admiration, puis rongé par la jalousie, enfin détruit par la culpabilité, intimidant malgré sa gaucherie, tour à tour horripilant puis touchant, il est prodigieux. Quel cadeau un tel rôle pour un jeune acteur !

Une standing ovation pour lui, une « Ola » pour le film. 

 

L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford - Casey Affleck et Brad Pitt
L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford - Casey Affleck et Sam Rockwell

Commentaires

  • Casey Affleck a un certain charisme, je l'avais déjà repéré dans d'autres films. Par contre, je pense qu'il faut une petite préparation psychologique car 2h40, c'est pas un film grand public. Donc, déjà, je ne pense pas le voir à la séance de 22h15.. :P

    Un film autant encensé, il faut que je me fasse ma propre opinion ! :)

  • Casey Affleck est ici extraordinaire.
    Il faut en effet être bien éveillé pour le voir.
    Il faut de toute façon voir un film pour se faire une opinion, quoiqu'en dise la critique. Encensé, oui, peut-être, mais j'ai aussi lu (je ne sais plus où) ennuyeux et incompréhensible... Moi j'en reprends de l'ennuyeux comme ça : c'est sublime.

  • Adorable Pascale !!!
    MERCI = BENOIT

  • J'espère que tu as lu la note quand même !!!

  • Et c'est quand est ce que tu nous racontes des vrais histoires sur ton chié blog : y'en a marre d'entendre parler qu'eud cinoche ici...

  • Non mais oh la Sploutch, quand on a un blog quasi moribond (et c'est pas ton Gign qui va m'impressionner), on vient pas donner des leçons de bonne conduite aux voisins, j'te ferai dire. Et si tu t'étais donné la peine... tu aurais trouvé (peut-être) une note un peu moins cinématographique que les autres, finalement.

  • l'a l'air top… mais pas l'temps tout d'suite !
    rapport à que une amie passe bientôt reprendre une pile de dvd qu'elle m'a prêté.
    alors bon…

    sinon, tu pourrais donner des nouvelles quand même… c'est que je m'inquiète.
    besooo !

  • allez!!je vais allez le voir ;-)

  • Gla : aaaah les gens débordés... m'enfin toi au moins t'as des ami(e)s !
    Des nouvelles ? Non ! pas le temps !

    Lolotte : bravo !

  • Non mais tu crois pas que je vais me donner la peine en plus.... allez, je retourne à la vraie vie, c'est trop triste le cinéma !

  • les salles qui se vident avant la fin c'est une maladie qui nous vient des cartes d'abonnement :-(

    (tout comme le bruit, les commentaires pendant le film et autre chose absolument insuportable. Bon j'arrête après je vais faire vieux con)

  • oui plein d'amies!!mais pas toujours le temps!! trop de boulot,imagines 5 strchoumph a la maison...je sais je fait la stroumphette...je suis bleu...;-)),ou verte selon les jours

  • Spleen : t'as bien raison.

    Jérôme : vieux con je sais pas (...) je crois que parmi les détenteurs de cartes il doit quand même y avoir beaucoup de cinéphiles. Et là, il s'agissait d'une avant-première avec sponsor donc INVITATIONS GRATUITES ou PLACES GAGNEES en répondant à une grande question cinéma, genre "qui est la femme de Brad Pitt"... Je crois vraiment que ceux qui sont partis n'avaient pas envie d'être. On ne va pas voir un tel film sans savoir un peu de quoi il retourne !

    Lolotte : toutes ces couleurs me donnent le tournis.

  • Une merveille, un bijou, une expérience sidérante, ce que vous voulez mais il FAUT LE VOIR.

    Le géreur de ce blog a raison : il faut absolument le voir, mais sur grand écran uniquement. Avec une sono efficace et une salle bien noire...

    Brad Pitt est magistral... Casey Affleck...EPOUSTOUFLANT de naturel et d'émotion !!!!

  • LE CHEF D'OEUVRE de 2007 pour moi... et Casey... un chef d'oeuvre aussi.

    Le "géreur" est une géreuse : Pascale.

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